Il pleut des coups durs. Chester Himes

Publié le par Tactile

Il pleut des coups durs. En anglais on imagine donc un titre du genre : « It’s pouring hard hits » ou pourquoi pas « A shitload of pain », enfin quelque chose qui soit en rapport avec ce que l’auteur a voulu exprimer. Et bien non, encore une fois, nos traducteurs sont à côté de la plaque, s’imaginant probablement plus malins et créatifs que M. Himes lequel est publié chez Gallimard. Figurez-vous que le titre original est If trouble was money. Donc rien à voir ! Rien ! Alors ma petite Chantal Wourgaft, retournes à ta fac d’anglais, apprends l’humilité et respectes nos grands auteurs !!

Tout le roman est criblé d’erreurs de traduction, d’approximations que je ressens imaginant le mot anglais derrière. C’est une honte d’être aussi nul et arrogant. Quand on a eu Maupassant traduisant E. A. Poe on ne peut que gerber sur cette génération d’écrivains ratés faisant du google translate chez Gallimard. Pathétique.

C’est emmerdant de commencer une critique littéraire de la sorte mais il fallait que ce soit dit. Cela fait trop de romans bâclés par la médiocrité de traducteurs ratés. Pourtant l’histoire est encore une fois géniale et entraînante. Chester Himes reprend ses deux héros de la série : Ed. Cercueil et Jones Fossoyeur pour une nouvelle enquête sur un meurtre racial à Harlem.

« Moi je suis flic, répliqua Fossoyeur. Si les Blancs s’obstinent à venir à Harlem où, par leur faute, les Noirs sont obligés de vivre dans la crasse et la dépravation, il est de mon devoir de veiller à leur sécurité. »

Les deux compères de flics ne font évidemment pas dans la dentelle pour arriver à leurs fins. C’est ce qu’on leur demande à ses deux grosses brutes : du résultat ; et le résultat à Harlem dans les années 50 ça passe par une bonne dose de violence. Les crânes se brisent, le sang coule, et des zigs sont envoyés au tapis entre deux dialogues savamment épicés.

« Fossoyeur eut juste le temps de lancer son pied à la figure de Ready, puis il fut entraîné à l’écart par ses deux collègues. Le maxillaire de Ready se brisa dans un craquement sinistre ; sa mâchoire inférieure s’affaissa, désarticulée, découvrant les dents et la pointe de la langue blanchâtre, noyée de sang. »

Ed. Cercueil et Fossoyeur sont deux grandes baraques de flics qui gouttent à l’action comme on croque dans un cheeseburger. Ils vivent pour le moment où l’instinct primaire prend le pas sur l’enquête de longue haleine. Faut pas que ça traîne et les décisions à prendre ne sont pas emballées dans la dentelle.

« Ed. Cercueil était accroché au toit, par les pieds, la tête en bas ; seules, sa tête et ses épaules apparaissaient dans l’encadrement de la petite fenêtre. Ça faisait vingt minutes qu’il se trouvait dans cette position, attendant que le Cheik apparaisse dans son champ visuel. Il l’ajusta soigneusement, juste au-dessus de l’oreille gauche. »

Quelques cadavres plus loin, les pages se délestent de leurs macchabés et nos deux flics s’effeuillent jusqu’à une humanité profondément enfouie. Tout le talent de Himes est de nous faire rire de menaces, de nous émouvoir à l’hémoglobine tout en mettant en place une histoire logique dans laquelle les personnages vibrent de leurs plus beaux costumes. Vive Chester Himes !

« Fossoyeur restait là à l’écouter ; une grande brute de flic au visage taillé à coups de serpe, qui semblait sur le point d’éclater en sanglots. »

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