Pulp. Charles Bukowski

Publié le par Tactile

Pulp est la dernière œuvre de Buk avant sa mort en 1994. Empruntant les codes du roman de gare, Hank, s’offre un au-revoir en forme de pied de nez jouant de l’absurde autant que de son formidable talent pour un dernier bras d’honneur. Bukowski glisse sa carcasse sous les traits de Nick Belane le meilleur privé de LA selon ses propres termes et s’offre une aventure délirante.

 

« Pourtant, au départ, j’avais tous les dons. Par exemple, mes mains. De temps en temps, je les regarde et je réalise que j’aurai pu être un virtuose du piano, ou d’autre chose. Alors que, finalement, à quoi elles m’auront servi, ces mains ? A me gratter les couilles, à remplir des chèques, à cirer mes pompes, à tirer des chasses d’eau, etc. Conclusion, je les ai salopéees ces mains. Comme mon esprit d’ailleurs. »

 

Nick est confortablement vautré dans son fauteuil, occupé à siroter de la vodka sans jus lorsque débarque dans son bureau la Grande Faucheuse : "Je veux m'offrir, dit-elle, le plus grand écrivain français." Les bruits courent : Louis-Ferdinand Céline n’est pas mort en 1961, il est bien vivant et traîne les rues de LA. Charge à Belane de le retrouver pour le compte de cette cliente à qui l’on ne refuse rien. Les affaires reprennent pour Nick d’autant que les clients affluent pour lui confier des affaires. A lui de retrouver le Moineau Ecarlate, de prouver l’infidélité de Cindy la bimbo qui roule en merco rouge et de rester en vie face à des extraterrestres envahissants.

 

« Accordez-moi tout de même que ça faisait beaucoup de pour un seul homme. Suffisamment, en tout cas, pour filer chez soi se réfugier à l’ombre d’une bouteille de scotch. Quand le bateau coule, qui se priverait d’une bouée de sauvetage ? »

 

Délirante épopée ponctuée de punchlines et imbibée d’alcools forts. On se laisse conduire dans l’imaginaire cathartique de Hank à travers les rues de LA, à bord de sa petite coccinelle rouge. La Mort devient un fantasme érotique, Céline un fantasme artistique. La morale, quand à elle, coule au fond du verre comme un petit Grégory au fond d’une rivière d’emmerdes. On rigole, on se perd, on plane, ça n’a pas beaucoup de sens, l’histoire est juste un prétexte pour écrire et s’amuser. Entre deux passages gratinés, toujours un peu de morale façon Buk.

 

« Putains de casse-burnes ! Quel que soit le continent où ils ont vu le jour, ils sont la vraie majorité. Prêchant d’exemple et ralliant sans cesse à eux de nouveaux casse-burnes. Il y a de quoi trembler ! Bientôt, le monde leur appartiendra. »

 

Cherchez pas ailleurs chers lecteurs, le grand Charles vous salue bien bas.

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