La reine des pommes. Chester Himes

C’est sous l’impulsion de Marcel Duhamel, l’un de ses traducteurs en France que Chester Himes se met à composer des romans policiers. Celui-ci est le premier d’une série qui prend pour héros Ed. Cercueil et Fossoyeur. Une série qui connaît un franc succès chez Gallimard grâce à ces deux flics noirs au tempérament d’acier.
Dans cet ouvrage, Himes met en place ses deux personnages sans pour autant leur donner le rôle principal ni la primeur du récit. Il n’y a de fait qu’un gros lard de looser noir qui puisse se targuer d’être le protagoniste du récit : Jackson, la reine des pommes. Tout le livre tourne autour de lui, lui le naïf qui se fait plumer de toutes ses économies dès le début de l’histoire.
Un pigeon, voilà ce qu’il fallait à Jodie, Hank, Slim et Gus pour monter le coup de la Levure. Une arnaque simple qui consiste à prétendre transformer de véritables billets de 10$ en billets de 100$ et au moment de l’opération de faire intervenir un faux flic tandis que les receleurs s’enfuient avec le vrai argent. C’est Jackson qui se fait plumer et comme il est très crédule il perd au passage sa femme, ses économies et est forcer de faucher son patron. Lui l’honnête paroissien se retrouve dans la panade, pour l’en sortir il s’en va trouver son frère jumeau.
Goldy, le jumeau de Jackson l’est de par un physique identique mais son mode de vie est diamétralement opposé à celui de son frère. Goldy se déguise en bonne sœur pour mendier et se droguer, il sert d’indic à la police et fréquente tous les lieux mal famés. C’est par lui qu’interviennent Ed. Cercueil et Fossoyeur dans le récit. On découvre alors les deux flics noirs les plus coriaces d’Harlem. Ils sont brutaux, efficaces, ont un sang froid que rien ne terrasse et sont armés de flingues faits sur mesure.
Voilà que démarre l’histoire faite de rebondissements et de découvertes finales qui nous entraîne à rythme endiablé dans les rues d’un Harlem glauque et populaire. Himes met tout son savoir de la culture noire dans ses histoires et ce qui s’apparente à un roman policier tient également de la sociologie. C’est remarquablement écrit et j’adhère avec l’esprit donné à la traduction du titre original : « The five cornered square ».