Le couperet. Donald Westlake

Publié le par Tactile

Jusqu’où êtes-vous prêt à aller pour garder votre place dans la société, dans votre famille ou dans votre métier ? Seriez-vous prêt à tuer pour ça ? Burke Devore, lui, a tranché la question au couperet : il emploiera la violence du système pour conserver son statut. Le récit de Westlake dépeint une époque de grande angoisse sociale à l’heure de l’individualisme forcené.

Nous sommes comme des puces vivant sur le dos d’un Dr Jekyll qui serait en permanence au milieu de sa transformation en Mr Hyde.

Burke Devore est au chômage de puis 1 an et demi sans entrevoir d’éclaircie professionnelle. Perdre son emploi quand on est quinquagénaire aux States c’est être mit au ban de la société, exclu de la famille des actifs et sombrer dans la dépression. Burke veut continuer à travailler dans sa branche : l’imprimerie et pour se faire il doit affronter la rivalité de nombreux autres cadres sans emploi. Afin de décrocher le poste de ses rêves il décide d’éliminer ses concurrents.

Je ne suis pas un tueur. Je ne suis pas un assassin, je ne l’ai jamais été, je ne veux pas être une chose pareille, vide, sans âme et sans pitié. Ce n’est pas moi ça. Ce que ej fais en ce moment, j’y ai été contraint, par la logique des événements : la logique des actionnaires, la logique des cadres, la logique du marché, et la logique des effectifs, et la logique du millénaire, et pour finir ma propre logique. »

La méthode est incongrue mais aux grands mots les grands moyens et Burke ne peut se permettre de laisser sa vie et celle de sa famille s’effiler jusqu’à la rupture. Tuer pour espérer retravailler, il ne fait qu’utiliser la violence du système à son tour : « la fin justifie les moyens ». Il ira donc autour de chez lui tuer ses rivaux et tenter de ressouder sa famille.

« Chaque époque et chaque nation ont leur propre morale, leur propre code de valeurs, en fonction de  ce que les gens estiment être important. Il y a eu des époques et des lieux où l’honneur était considéré comme la qualité la plus sacrée, et d’autres, qui ne se préoccupaient que de la beauté. {...} Aujourd’hui, notre code moral repose sur l’idée que la fin justifie les moyens. »

Le thème du livre et l’approche sont intéressants mais l’écriture et le rythme de l’histoire le sont beaucoup moins. Westlake survole le protagoniste, les descriptions et les moments d’intensité. Tout ça est trop grossier et manque de tonus, de piquant. Ca fait une bonne base de scénario pour un film : Costa-Gavras l’a réalisé, j’en met ma tête au couperet : le film est mieux que le livre.

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