Mort aux cons. Carl Aderhold

Publié le par Tactile

Mort aux cons est un roman-manifeste dont le titre donne le ton ; mais c’est sans haine ni rancœur que le héros de cette histoire trucide 140 personnes. Si la plupart de ses victimes ont été sélectionnées au hasard, toutes ont en revanche un point commun qui les sentencient à une mort rapide : ce sont d’authentiques cons. Carl Aderhold raconte à la première personne l’épopée d’un tueur de cons.

« J’étais à ce point émerveillé par mon geste que l’idée qu’il puisse avoir des conséquences fâcheuses ne m’avait pas effleuré. »

Pourtant rien ne prédestinait cet homme ordinaire à s’investir corps et âmes dans cette entreprise colossale de nettoyage des cons. Tout a commencé avec un chat un peu trop intrusif qui est passé par-dessus le balcon. Ce drame a permis de souder les voisins. Puis un chien qui terrorisait le quartier. Des meurtres animaliers sans conséquences aucune jusqu’à ce que la gardienne de l’immeuble ne devienne trop curieuse.

« Ainsi s’acheva ma carrière de tueur d’animaux de compagnie. De toutous et de matous, de mistigris, de cabots, de minous et de minettes, de clébards, de greffiers, de grippeminauds, de chiens-chiens à sa mémère et de chats-chats à son pépère, de Kiki, de Médor, de pu-puces, de trésors, de zouzous, de loulous, de doudous, et autres su-sucres. »

Petit à petit, au fil des assassinats un fil conducteur se dégage et les premières questions métaphysiques apparaissent. Il est important pour le vivre ensemble de débarrasser les nuisibles, de les empêcher de pourrir la vie aux bonnes gens. Le con est polymorphe, non genré, non catégorisé, il est fourbe et sournois mais on le repère facilement. Est-ce l’autorité ? L’uniforme ? L’argent ? La jalousie ? Une chose est sûre, si il vit encore, qu’il vive dans la peur afin de cesser d’importuner les autres.

« Dépassé par les événements, j’avais opté pour une solution de facilité, comme un scientifique débordé par sa découverte met un terme à l’expérience. J’en vins à éprouver un immense regret : celui de n’avoir pas eu l’idée de supprimer Suzanne plus tôt. Avec ses interventions intempestives, son colportage de ragots et ses nombreuses dénonciations, elle avait grandement contribué à fausser les résultats de mon action. »

Carl Aderhold est en quête de la définition du con. Au fil des meurtres se tisse une trame, un raisonnement qui prend forme. Le héros affine son art et joue de chance pour ne jamais attirer les soupçons tandis qu’une montagne de cadavres croît derrière son ombre. Le texte prend finalement l’allure d’un manifeste anti-cons. Pour certains ça peut faire l’effet d’une catharsis.

« Remarque : Mus par un élan spontané de compassion, certains d’entre vous pourraient peut-être trouver que ce qui venait d’arriver à ce chauffard, en regard de sa mauvaise conduite, était un peu disproportionné. Je vous préviens tout de suite : je n’ai pas l’intention d’ergoter à chaque fois sur le bien-fondé de telle ou telle disparition. »

Ce roman est très original par sa forme et son thème, il recèle des raisonnements d’ordre philosophique parfois, de belles formules littéraires et beaucoup d’humour. A cheval entre l’acte gratuit et les thèmes anarchiques, ce bouquin diverti à défaut de ravir les amateurs du genre policier. Si la quête est drôle, l’invraisemblable impunité du héros ainsi que la connerie des flics sont totalement absurdes et dès lors on perd tout l’attrait qui pâme le roman noir de suspense.

« Le porno intello, c'est l'avenir, reprit-il. Enfin simple. Du genre "je bande donc je suis". La gonzesse en train de lire un classique de la littérature avant de se faire enfiler. Avec les intellos, il suffit juste qu'on leur fasse un petit clin d'oeil. Et hop, ils perdent tout sens critique. Parce que, entre nous, il n'y a que deux choses qui fonctionnent chez eux : le cerveau et la queue. La tête froide et la bite chaude ! »

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