Malamorte. Antoine Albertini

Publié le par Tactile

L’île de beauté et ses paysages de carte postale sont un décor lumineux pour crimes odieux. Antoine Albertini nous promène en Corse, loin des sentiers battus ; ceux sur lesquels on viole et on abat des femmes, dans des appartements miteux où la violence par arme à feu étale l’hémoglobine en peinture murale, dans des comicos délabrés et des bars malfamés.

« Après un café à peine buvable, je fouillai dans l'immense placard qui occupait un pan de mur de ma chambre, vestige d'une vie à deux que je m'efforçai d'oublier. »

Le narrateur est un sans nom, capitaine au vague à l’âme qui vogue à la bouteille. Corse de naissance il a fait ses preuves en métropole avant de revenir ruiner sa carrière sur son île. Ici, il ne faut pas être trop zélé et ne pas piétiner les plates-bandes d’un système corrompu jusqu’à la moelle. Relégué au BHS (bureau des homicides simples) il se retrouve placardisé jusqu’à ce qu’un viol / meurtre lui tombe dans les bras ainsi qu’un second double homicide suivit d’une tentative ratée de suicide.

« Cherkaoui avait déjà tué. Il était en cavale, devait se tenir sur ses gardes. Il avait peut-être récupéré une arme à feu, un couteau, une machette, n'importe quoi de très efficace pour faire la peau à un flic fatigué dans mon genre, un flic dont le principal réflexe de survie consistait à lever le coude. »

L’enquête nous mène à la rencontre de caïds, d’indépendantistes, de flics pourris, et d’hommes d’affaires véreux pour qui le sang appelle le sang et l’omerta fait loi. Difficile de trouver des pistes solides quand gendarmes, légionnaires et truands sont potentiellement coupables. Une enquête en solo dans une Corse méconnue, sombre et battue par les vents.

« Depuis longtemps, Sonia faisait semblant d'oublier que, sur cette ile, n'importe quoi peut faire voler en éclats le repos qu'on pense avoir trouvé un jour ou l'autre. »

Albertini propose un décor original pour des crimes somme toute classiques. Il se pare d’une écriture simple et efficace qui fait la part belle au beau mot et à la punchline. De belles descriptions et un rythme soutenu qui rend l’histoire appétissante. Un bon polar à la sauce cors(é)e…

« Il abaissa la monture de ses lunettes pour me fixer. L'idée de lui écraser mon poing sur la figure me traversa l'esprit mais on ne fait pas toujours ce qu'on veut. »

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article