Des souris et des Hommes. John Steinbeck

Publié le par Tactile

dfsdCommençons par rendre à Robert, ce qui est à Robert puisque Des Souris et des Hommes, est emprunté au grandissime poète Robert Burns qui écrivit en son temps : "Les plans les mieux conçus des souris et des hommes, souvent ne se réalisent pas". Cette histoire ci, se déroule durant la grande dépression de 1929. Steinbeck choisit encore une fois la matière humaine, le monde rural comme sujet à son roman. C'est tout un symbole que celui d'une transition entre l'aire agricole et l'industrialisation du pays. L'histoire s'appuie sur les victimes de cette crise, les marginaux et les anonymes.

Je ne peux m'empêcher de souligner, qu'encore une fois Steinbeck se place sous l'angle du voyage, en choisissant des personnages qui sont journaliers aux travaux agricoles et en démarrant son récit sur une scène de migration. L'introduction des deux protagonistes sous la forme d'une tête et d'un corps, d'un tout indivisible est faite au cours d'un bivouac des plus sommaires.

Lennie Small est un personnage introverti, ingénu dont le nom est en paradoxe avec son physique d'Atlas, grand, fort, et impressionnant. George Milton, son ami est le cerveau de ce duo ; il dépense toute son énergie et attention pour protéger Lennie du monde extérieur. Candide pour sûr, le colosse cache une extrême fragilité émotive derrière sa carapace et force est de constater qu'il ne saurait survivre sans George.

Le duo ère de petits boulots en petits boulots, fuyant les conséquences des actes de Lennie et poursuivant un rêve. J'en reviens à la citation de Burns qui est la clef de voute du récit puisque les deux personnages se démènent pour concrétiser leur rêve : devenir propriétaires d'un lopin de terre et élever des lapins. Pour cela ils ont un plan, bien ficelé, réaliste et dont ils caressent sa réalisation. Inutile de créer un suspense futile : c'est un rêve voué à l'échec.

Dans la Californie des années 30, le travail est rude, mal payé et les patrons sont le plus souvent de fieffés salauds. Dans ce contexte où la plupart des hommes vivent de solitude, de rêves et de petites choses en dilettante, se nouer d'amitié avec un autre dénote. C'est toute la force du duo, l'un est solidaire de l'autre, et ils se rendent la vie plus agréable en la partageant. C'est même ce qu'enviera Crooks, le palefrenier noir, qui victime d'un racisme sournois et bien ancré dira : "ce qui importe c'est de se parler, même si l'on ne se comprend pas" .

Avec son écriture simple, Steinbeck décuple la puissance de son récit dans un dépouillement très novateur pour l'époque. Le récit est court, direct, sec et met en avant les émotions de ses personnages. L'existence humaine est faite d'errements et d'échecs. Il n'y a rien à en conclure, l'auteur nous livre sa vérité : à prendre où à laisser.

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