Histoires désobligeantes. Léon Bloy
"vous publierez cela, mon enfant, le jour où le Mépris et la Douleur vous auront fait assez grand pour ambitionner le suprême honneur d'être incompris"
Voici un recueil de nouvelles grinçantes et satiriques dans le style des fables de Lafontaine. Le genre nous rappelle Maupassant tandis que les personnages puent la déchéance façon Bukowski. Déchéance due le plus souvent à une honte engendrée par l'interdit et la bienséance qui siège dans notre société moderne.
Dans cette série, les protagonistes sont tous simplement hideux, ragoûtants et méchants. Tout est construit pour nous les faire détester et exhumer en nous une morale bien condescendante. Pourtant on ne peut qu'aimer la noirceur de ces personnages, capables du pire pour servir leurs intérêts, affreusement sots en toutes circonstance.
"Levant sur lui ses vieux yeux liquides, sanguinolents, miroirs éteints qui semblaient avoir reflété toutes les images de la débauche et toutes les images de la torture, elle le regarda avidement, de ce regard effroyable des noyés qui contemplent, une dernière fois, le ciel glauque, à travers la vitre d'eau qui les asphyxie…"
Léon Bloy, auteur censuré fait encore une fois polémique. Exégète de la phrase courte et lapidaire, l'auteur nous comble de son style tranchant et direct. Ses histoire désobligeantes sont la transcription directe de son histoire contemporaine et de ses protagonistes.
"Dans la flagrance des tortures, ses moindres gestes récupéraient aussitôt les gestes anciens des la Lignée quasi royale tout entière qui mourrait debout dans les ventricules de son coeur."