Ham on Rye. Charles Bukowski

Publié le par Tactile

Ham on Rye est un roman autobiographique de Bukowski signé sous son pseudonyme d’Henry Chinaski. Il a été traduit n’importe comment par « Souvenirs d’un pas grand-chose ». L’arrogance et la prétention littéraire de ces minables qui n’ont jamais su écrire une ligne et qui massacrent le travail des génies m’exaspère. Du coup j’ai encore opté pour la VO et dans son jus c’est mille fois mieux d’autant qu’on respecte alors la référence à Salinger ( ?).

 

« So, that’s what they wanted : lies. Beautiful lies. That’s what they needed. People were fools. It was going to be easy for me. »

 

Né en Allemagne d’un père GI et d’une mère allemande, Henry et sa famille immigrent à Los Angeles alors qu’il a 3 ans. Une existence austère, triste, où l’amour est le grand absent de la famille tandis que la violence s’invite dans ce sombre foyer sous les coups portés par un père odieux.

 

« I liked the area, it had great shade trees, and since some people had told me that I was ugly, I always preferred shade to the sun, darkness to light. »

 

Dès son plus jeune âge Chinaski est privé de lien social car son paternel, qui prétend à un statut qu’il n’a pas, lui interdit de se mélanger avec les enfants pauvres de son quartier. Battu, écrasé, ignoré et rejeté, seuls les wierdos s’approchent de lui. A la puberté un acné vulgaris féroce lui détruit l’épiderme ce qui finit de l’achever dans sa relation aux autres.

 

« That was bad enough but it wasn’t what I really minded. What I really minded was that they didn’t know how to deal with me. {...} They experimented on the poor and if that worked they used the treatment on the rich. And if didn’t work, there would still be more poor left over to experiment upon. »

 

De cette maladie il héritera d’horribles cicatrices et d’une misanthropie justifiée par le rejet violent des gens qui le dévisagent. Pauvre, battu, défiguré, Henry Chinaski vit un cauchemar éveillé à un âge où l’on devrait pouvoir s’amuser, sociabiliser et avoir ses premiers émois amoureux. Tout lui est refusé.

 

« I would look at my face in disbelief, then turn to examine all the boils on my back. I was horrified. No wonder people stared, no wonder they said unkind things. It was not simply case of teen-age acne. These were inflamed, relentless, large, swollen boils filled with pus. I felt singled out, as if I had been selected to be this way. »

 

Son dégoût de l’humanité ira jusqu’au mépris pour les femmes dont il affirme n’avoir pas sa place auprès d’elles. Conspué, moqué, torturé, Chinaski est pourtant un gamin solide, courageux, toujours prêt à relever la tête et à se battre. A bittersweet life.

 

« The young rich smell the stink of the poor and they learn to find it a bit amusing. They had to laugh, otherwise it would be too terrifying. They’d learned that, through the centuries. I would never forgive the girls for getting into those cream-colored coupes with the laughing boys. »

 

Ignorant les codes et les choses de la vie, Henry écrit pour tromper l’ennui. Il découvre aussi l’alcool et le coup de foudre est instantané. Il l’adore sous toutes ses formes et se sent à l’aise d’en abuser. Ainsi ce monde absurde et sa propre existence deviennent acceptables.

 

« My father liked the slogan, « Early to bed and early to rise, makes a man healthy, wealthy and wise. » But it hadn’t done any of that for him. I decided that I might try to reverse the process. »

 

Henry est un jeune homme paumé lorsque la seconde guerre mondiale éclate, lui qui porte un regarde lucide sur la situation refuse alors de s’enrôler dans une guerre qui ne le concerne pas. Il est intelligent pourtant il n’a pas de but, pas d’idéal, rien ne lui plait plus que l’écriture et l’alcool, un beat dirait Kerouac.

 

« The war. Here I was a virgin. Could you imagine getting your ass blown off for the sake of history before you even knew what a woman was ? Or owned an automobile ? What woud I be protecting ? Somebody else. Somebody else who didn’t give a shit about me. Dying in a war never stopped wars from happening. I could make it. I could win driking contests, I could gamble. Maybe I could pull a few holdups. I didn’t ask much, just to be left alone. »

 

Ouvrage incontournable de Bukowski, j’en recommande la lecture avant même d’attaquer le reste de son œuvre tant il permet de comprendre le caractère et le style de son auteur. Le récit est très direct, honnête et aussi vulgaire que la réalité. Buk ne s’ennuie pas avec l’enrobage ce qui donne un style unique et puissant à sa plume.

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