Palestine. Hubert Haddad

Publié le par Tactile

Palestine d’Hubert Haddad est une histoire abracadabrante à l’image de la réalité de cette terre baignée de sang. Cham, soldat de Tsahal, se fait enlever par des résistants palestiniens lors d’une embuscade. Il doit servir de monnaie d’échange mais le destin et la providence font de lui un homme amnésique mais de nouveau libre. Recueillit par la veuve aveugle Asmahane et sa fille Falastin, caché et soigné dans les territoires occupés, il prend l’identité de leur fils disparu : Nessim

 

« La lame la plus fine tranche entre l’instant nouveau et l’oubli sans fond. D’un coup le néant ravale les milliards d’années et recrache au hasard un soupir de résurrection. »

 

Dès la page 25 du récit, Cham n’existe plus, il est Nessim, convaincu de son lien réel de filiation avec ses sauveurs. En Palestine il découvre les horreurs subies par un peuple occupé, bafoué, bombardé, asservit. Confronté à la réalité de l’occupation sioniste, l’oppresseur devient oppressé, témoin privilégié des exactions commises au nom d’une religion toute puissante.

 

« Ni le ventre ni les yeux ne veulent couler désormais. Les larmes de plomb ont été ravalées bouillantes jusqu’au fond des os. »

 

Rendu hagard par son trauma, Nessim se rapproche de sa « sœur » Falastin qui l’a guéri de ses blessures et qui maintenant l’obsède. Il embrasse l’histoire de sa nouvelle famille et en fait son identité à part entière. La résilience et l’oubli de soit l’amènent au sacrifice ultime en pénétrant les murailles de l’état hébreu grâce à un passeport israélien volé au nom de Cham...

 

« Les années ont éloigné d’elle toute forme d’espérance ou d’intérêt. Sans rien montrer, pour ne plus souffrir, elle s’est endurcie jusqu’au détachement, avec une désinvolture alerte, presque inhumaine. La plus grande violence est celle qu’on s’inflige. »

 

Haddad décrit avec sa plume chatoyante les malheurs d’un peuple occupé et la violence fasciste de l’oppresseur sioniste. Nappés de brumes, ses personnages sont effleurés dans leurs descriptions distinctives, on erre dans un amas de ruines et de sable à la recherche de sens. L’absurde est très bien rendu par l’écriture de l’auteur qui s’efforce à l’objectivité.

 

« D’avoir touché un jour aux secrets, avec sur les lèvres un goût de cervelle humaine, l’avait rendue inapte à tout jugement. Elle s’était laissé envahir par le silence du monde, et désormais grandie, la peau sur les os, elle attendait simplement un peu de lumière. »

 

Livre intéressant mais dont le style, bien que léché, ne me plait pas. C’est un peu lisse et approximatif à mon goût. Beaucoup d’heureux hasards construisent un récit bancal et plutôt pauvre. L’effort est louable mais je crois que j’en resterai là avec cet auteur plus poète que conteur.

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