Le monde à l’endroit. Ron Rash

La vie est tout ce qu’il y a de plus bucolique en Caroline du Sud ; les jours se déroulent au fil des quatre saisons dans une campagne apaisée, entre rivières et champs de tabac. Le fils Shelton, Travis, est un gamin dissipé à l’école bien qu’obéissant à la maison.
Lui et son camarade Shank sont toujours les premiers partants pour se faire quelques sous et un jour Travis, qui remonte une rivière en quête de truites, tombe sur une plantation de cannabis. Là, bien cachée au creux d’une rivière inaccessible il voit la possibilité de récupérer quelques sous. Il taille trois pieds et part les revendre.
Léonard, un prof tombé en disgrâce puis devenu dealer d’herbe et de pilules, les lui rachète. Appâté par le gain, le gamin retourne couper plus de pieds. Les trente dollars gagnés ne lui suffisent pas et malgré les avertissements du dealer il retourne une troisième fois à la plantation. Cette fois-ci un piège à loup ainsi que des propriétaires courroucés l’attendent : Carlton et Hubert Toomey. Mais au lieu de tuer leur prisonnier, ils le mutilent en lui coupant le tendon d’achille et l’amènent à l’hôpital sous réserve qu’il se taise.
Travis se retrouve immobilisé et son père furieux le fait travailler aux champs de tabac pour payer les frais d’hospitalisation au lieu de se reposer. Lorsqu’il tombe dans un nid de guêpes et se fait piquer son père, hors de lui, le gifle. Blessé dans son orgueil Travis décide de fuir la ferme. N’ayant nulle part où aller il trouve refuge chez Léonard qui abrite déjà Dena une junkie délabrée.
L’ancien prof ainsi que Lori, la petite amie de Travis, le poussent à passer son bac en candidat libre. En parallèle le garçon s’intéresse à l’histoire de sa famille imbriquée dans des faits historiques durant la guerre de sécession. Lui, le gamin rustre juste bon à pêcher se révèle être intelligent et curieux. Les lectures dont l’abreuvent Léonard et Lori lui prennent dès lors tout son temps.
Ron Rash écrit ici un roman simple en offrant la narration à chacun des personnages qu’il décrit à merveille. L’histoire est crédible et on ne s’ennuie pas dans ce récit qui nous fournit très rapidement de l’empathie pour Travis et Léonard. L’atmosphère et les saisons entre champs de tabac et rivières d’eau fraîche sont justes et saisissants, la touche historique intrigante et audacieuse. Un très bon roman.