Tropic of Cancer. Henry Miller

Publié le par Tactile

Ce roman de Miller fut publié la première fois à Paris en 1934 et seulement 27 ans plus tard aux États-Unis (1961). Ca permet de situer le brûlot littéraire qu’est Tropic of Cancer. Une œuvre à ranger auprès des Sade, Bukowski, Burroughs, tant elle est crue et percutante.

« Tania, I make your ovaries incandescent. Your Sylvester is a little jealous now ? He feels something, does he ? He feels the remnants of my big prick. I have set the shores a little wider, I have ironed out the wrickles. After me you can take on stallions, bulls, rams, drakes, St. Bernards. You can stuff toads, bats, lizards up your rectum. »

Dans les années 30, Miller se retrouve convié à Paris par une institution culturelle pour passer du temps à y écrire. D’abord hébergé à la villa Borghese (Villa Seurat dans les faits) il choisit de partir et d’errer dans Paris. Écumant bars et bordels, hôtels miteux et rues aguicheuses son nouvel horizon va nourrir sa plume insatiable.

« Everything soft and enchanting as we walk over the bridge. Smoke coming up between our legs, the tracks creaking, semaphores in our blood. I feel her body close to mine - all mine now - and I stop to rub my hands over the warm velvet. »

Tout le roman est une gigantesque orgie de sexe, bouffe, alcools noyés dans une prose crue qui à la façon d’un Spleen a son idéal de beauté. C’est violemment sincère tant le vécu transpire dans les odeurs, couleurs, formes, sons, goûts et touchers. Un récit éminemment vivant et sincère.

« Irene was there and she was waiting for him. As he got into the lift he threw me a last despairing glance, one of those mute appeals wich a dog makes when you put a noose around its neck. »

L’errance de Miller le mène là où la générosité de ses amis l’appelle ; il écoute et rend service contre un repas et une couche. Son nomadisme parisien est rude mais il fait preuve de sincérité et de loyauté envers ses amis. Ses goûts modestes et ses poches vides font de lui un personnage attentif dont il ressort de justes observations.

« All I’d want is a good wheelchair and three meals a day. Then I’d give them something to read, those pricks. »

Miller aura connu de nombreuses femmes et naturellement, le livre est centré sur ce sujet. Le sexe libre à Paris l’a visiblement plus touché que la culture, les arts et la littérature locale dont il n’hésite pas à en mépriser les auteurs. Il aime peu la France si ce n’est ce lieu si particulier pourtant si commun que l’entre-jambe d’une femme.

« Now and then he spits out of the window, big helathy gobs of brown juice which resound with a smack on the pavement below. He seems content now. »

Tout au long de son récit, Miller décrit des lieux et des personnes tout en s’éclipsant de l’histoire. Relégué au rang d’observateur il se fait avare de sentiments personnels. La construction du livre en paye le prix, c’est assez décousu et on ne peut s’attacher aux personnages qu’il empile dans une suite infernale dont seule la chronologie de sa vie en est la structure.

« The less you notice them the more the chase after you. There’s something perverse about women... they’re all masochists at heart. »

De la prose morose, belle mais cruelle. Un livre assez spécial au final qui peut déplaire.

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