La panthère des neiges. Sylvain Tesson

Publié le par Tactile

Pour observer la panthère des neiges il faut une patience à toute épreuve et un regard de lynx : deux qualités dont Tesson est dénué. Lui, le myope qui court après le temps et les choses, sautant d’une aventure à l’autre va devoir apprendre l’art de l’affut. Vincent Munier est un grand photographe animalier c’est lui qui amènera Tesson dans cette aventure.

« Le portrait du président chinois Xi Jinping s’étalait sur des panneaux : Chers amis, signifiaient les slogans, je vous apporter le progrès, fermez-la ! Jack London avait résumé les choses en 1902 : Quiconque nourrit un homme est son maître. »

Munier, sa compagne, Léo et Tesson forment un petit groupe expéditionnaire qui s’en va débusquer et documenter la panthère des neiges. Il en ressortira un documentaire animalier, des poésies et un souvenir mémorable, ce jour où pour la première fois ils verront la panthère.

« J’ai beaucoup circulé, j’ai été regardé et je n’en savais rien : c’était mon nouveau psaume et je le marmonnais à la mode tibétaine, en bourdonnant. »

Très rare, la panthère en voie d’extinction est passée maître dans l’art du camouflage. Il faut passer de longues heures à l’affut sans bruit, ni mouvement, sans même un petit feu ou un gros cigare pour se réchauffer. Des jours et de semaines à se battre avec le froid et la fatigue au cœur du Tibet jusqu’à ce que la révélation apparaisse.

« Munier tristement : Mon rêve dans la vie aurait été d’être totalement invisible. La plupart de mes semblables, et moi le premier, voulaient le contraire : nous montrer. Aucune chance pour nous d’approcher une bête. »

Petit manuel sur l’art du temps long et de la patience, ce livre est également une réflexion philosophique sur la part de l’homme dans ce monde, au milieu d’autres vivants aux existences plus simples. Avec un rythme et une structure assez différente du reste de son œuvre, ce livre bien écrit revêt de belles lettres avec toujours autant de citations et de références. Un bon Tesson.

« Si l’on demandait à notre passage sur la Terre sa part de beauté et si la vie était une partie jouée dans un jardin magique, la disparition des bêtes s’avérait une nouvelle atroce. La pire de toutes. Elle avait été accueillie dans l’indifférence. Le cheminot défend le cheminot. L’homme se préoccupe de l’homme. L’humanisme est un syndicalisme comme un autre. ».

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