La cellule de Zarkane. Joseph Lubsky
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Zarkane est en cellule. Son histoire, tout comme chaque chapitre, démarre entre quatre murs avant de se dérouler en flash-back. Zarkane est né Kéma, fils d’une gitane diseuse de bonne aventure et d’un matelot russe de passage à Toulon. Mama Lisa élève Kéma dans une relative misère jusqu’à ce qu’ils rencontrent le Docteur Charles qui promet d’élever le petit s’il arrive malheur à sa mère. Ce malheur arrivera juste après cette promesse faite par Papa Charly à Mama Lisa puisqu’elle se défenestre afin d’offrir une meilleure vie à son fils.
« C’est donc ça un brave homme, pense-t-il. Un pantin de chair et d’os qu’un pénalty contente. Un du troupeau que les bergers affament, et à qui on donne des pelouses de stade en pâture pour qu’il ne bêle plus. Panem et circenses ! Que le peuple s’amuse ! Donnons-lui des gardiens de but pour qu’il n’en ait pas ! De but. En tout cas, nul autre que de tenter de vivre ailleurs qu’en « Aphonie ». La patrie des muets, des consentants, des rampants. »
C’est dans un contexte plus joyeux que Kéma grandit, avec son frère d’adoption Clovis, son nouveau papa médecin et la sœur de celui-ci. Son enfance est joyeuse et son alter-égo violent, Zarkane, reste dans l’ombre lumineuse d’un Kéma à qui tout réussi. Un nouveau drame advient avec le suicide de Papa Charly. Cet évènement poussera Zarkane dans les bras du parrain de la mafia locale : Fernand. Ce dernier repère immédiatement les qualités de ce jeune homme fort, séduisant et intelligent à qui rien de fait peur.
« La grande tromperie de l’ivresse. L’abus de confiance. Ça fait oublier, oui. Mais le futur, pas le passé. La griserie éteint l’avenir, le temps d’une gaité provisoire. Sournoise, elle éclipse les tourments annoncés. Elle les remet à plus tard. Pour ce qui est du passé, elle ne l’efface pas. Bien au contraire. Elle l’expulse. Parfois en larmes. Souvent en discours mal articulés. »
A force de flash-back l’histoire présente prend sens et le personnage de Kéma-Zarkane se magnifie. La dichotomie du héros frise à la schizophrénie, est-ce Kéma l’angélique ou bien Zarkane le terrible qui prendra le dessus ? Les rencontres amoureuses, la peinture et le choc des événements servira de cap pour un héros qui se cherche et à qui rien d’ordinaire n’est destiné.
« Les souvenirs de peau qu’une autre peau efface, et que le temps qui reste arrache au temps qui passe. »
L’écriture de Lubsky est incroyablement juste, poétique et pleine de réflexions qui ont du sens. La violence qui se dégage de certaines scènes pue l’hémoglobine tout comme les passages paisibles sentent le romarin et la lavande. En rédigeant cette note j’ai appris qui est le véritable auteur de ce livre. Mieux vaut le savoir à postériori, ça gâcherait certainement la lecture de ce magnifique ouvrage.
« Il est presque minuit et Zarkane peint. Aucune musique en lui. Juste la voix de Laura. Une mélopée rauque et sensuelle. Una voce. Chaque mot de leur entretien, chaque respiration entre deux phrases chantent en lui. »