Sur la ligne noire. Joe R. Lansdale
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1958 à Dewmont, une ville imaginaire du Texas ; l’été bat son plein dans le drive-in de la famille Mitchel et le jeune Stanley Junior s’amuse avec son chien Nub dans les environs lorsqu’il découvre les ruines d’une maison ainsi qu’une boite métallique. Dedans, des lettres romantiques entre J et M qui intriguent le jeune homme. Avec sa sœur Callie, ils vont remonter le temps afin de dénouer le drame qui s’est déroulé ici-même en 1942.
Au drive-in, un vieux projectionniste noir du nom de Buster Joe en apprend davantage à Stanley sur les événements dont parlent les lettres. Lui qui était policier dans une réserve indienne va donner une méthodologie de travail et un coup de main salutaire au jeune Stanley et à son enquête.
Au Texas dans les années soixante, le racisme historique est encore bien ancré dans les uses et coutumes. Les noirs sont méprisés et spoliés, cantonnés à la misère et aux basses tâches. Stanley s’interroge sur les rapports sociaux qui scindent les rapports entre personnes à cause de leur mélanine. Lui s’entend rudement bien avec la bonne, Rosy Mae et s’avèrera être un ami loyal envers Buster.
« Si je te revois dans le coin, je te botterai le cul tellement fort qu'il faudra que tu loues un foutu treuil pour le soulever quand tu voudras aller chier ! »
Au fil de l’histoire, on apprend que la jeune Jewel a brûlé vive dans la maison qui est en ruines et que Margret s’est retrouvée étêtée sur la voie ferrée. Autre protagoniste de l’intrigue, la riche famille Stilwind qui maintient, à coups de billets, le secret autour de ses affaires. Stanley, Callie, leur ami Richard et Buster vont petit à petit recomposer les pièces du puzzle et résoudre l’affaire quinze ans après.
« J'essayai de retrouver ma force et mon courage. J'avais l'impression que quelque chose qui vivait en moi avait été kidnappé et maltraité, puis m'avait été rendu avec un membre en moins.. »
Au-delà de l’enquête et des péripéties qui tiennent lieu d’histoire, Lansdale, à travers le regard de Stanley, décrit les rapports raciaux qui scindent la société texane à la sortie de la seconde guerre mondiale. Les riches oppressent, les noirs subissent et les moutons suivent le mouvement. La violence est omniprésente, au cœur de la société comme au sein des familles et généralement tout se règle avec des coups. Le ton reste léger et ingénu ; les dialogues sont savoureux et l’histoire imprégnante, un livre réussit.