Judoka. Thierry Frémaux
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« Je ne serais pas arrivé là, si… » c’est par ces mots que commence le récit autobiographique de Thierry Frémaux que l’on connait tous comme Délégué général du Festival de Cannes et directeur de l’Institut Lumière. Lui, souhaite raconter son parcours par le prisme du Judo, un Art martial qui a forgé ses valeurs et ses goûts, à l’instar de ce que disait Camus du foot qui lui a enseigné ce qu’il y a « de plus sûr à propos de la morale et des obligations des hommes ». Car Thierry Frémaux n’est pas seulement un homme de Cinéma, c’est avant tout un Judoka qui a la ceinture noire brodée autour de la taille.
« Ceinture noire, on l'est pour la vie. Mais ma vie m'a conduit ailleurs, vers l'Institut Lumière de Lyon et vers le Festival de Cannes. Les tapis que je fréquente désormais sont rouges et mènent à d'autres sanctuaires. »
Frémaux relate son histoire personnelle qui démarre aux Minguettes, une banlieue populaire de Lyon où ses parents, des idéalistes de gauche, ont choisi de s’établir délibérément. Cet environnement fait de mixité ethnique l’a empli de liberté. Le Judo lui a apporté tout le reste : un cadre, des valeurs, le goût du dépassement et une joie pleine. Dès ses premiers contacts avec les tatamis, Thierry devient accroc et trouve en ces lieux un moyen de canaliser la fougue de sa jeunesse.
« On ne dit pas non plus qu'on le « fait tomber », on dit qu'on le « projette ». Mais le premier geste du Judoka n'est pas une projection : sur le tapis, répétons-le, tout commence par une chute. »
Frémaux fait sans cesse le parallèle entre Judo et cinéma, usant du champ lexical commun aux deux disciplines, il trace des lignes de contact qui font sens. Nourrit de nombreuses citations ce récit parle d’autres disciplines sportives, d’Art, de littérature et de personnages hauts en couleurs. Au rayon littéraire : Camus, Fitzgerald, Harrison, London. Rayon septième Art : Gabin, Godard, Kurosawa, Kobayashi. Des références artistiques dans lesquelles je me retrouve pleinement. Le Judo est universel et comme tous les arts il dispense beauté, valeurs et un certain romantisme.
Comment parler de Judo sans raconter la vie de son créateur, l’exceptionnel Jigoro Kano élevé au rang de dieu vivant dans son pays natal ? Frémaux ne s’en affranchit pas et rappeler son histoire n’est pas une damnation tant l’homme a une vie riche et prodigue un enseignement complet. Frémaux se disperse, prit d’une soif de tout raconter et son récit s’éparpille entre sa vie, la genèse du Judo, les anecdotes de cinéma, les récits de sportifs. La structure du livre vibre et sort librement d’une structure rigide tel qu’est le cadre du Judo, qui permet cette créativité une fois les fondamentaux assimilés. Cet ouvrage organique devient encore plus vivant. Une sacrée réussite.
« Pour mémoire, et pour demain, ces mots de Jigoro Kano. Les vertus à développer vis-à-vis des autres :
- avoir un caractère noble
- détester le luxe
- faire grand cas de la justice
- ne pas répugner aux rudes épreuves de la vie et être déterminé à rejeter une vie facile
- ne jamais se troubler et rester bienveillant
- être juste
- respecter la politesse et l'humilité
- être sincère
Les vertus à développer vis-à-vis de soi-même :
- prendre soin de son corps
- s'empêcher d'avoir des sentiments nuisibles
- cultiver les habitudes permettant d'endurer les rudes épreuves
- renforcer sa persévérance
- grandir son courage
- établir la relation entre l'enseignement reçu et ses propres recherches
- être toujours prêt
- avoir un jugement prompt
- agir résolument
- aller de l'avant, et prendre les moyens qui conviennent
- regarder autour de soi
- être calme et laisser le doute chez le partenaire
- se maîtriser
- savoir s'arrêter
JIGORO KANO
Relations entre la pratique du Judo et l'éducation morale
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