Le manuscrit inachevé. Franck Thilliez
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Le Manuscrit inachevé adopte un format étrange tant le découpage est, à minima, original. Avec trois histoires dont deux encapsulées plus une troisième totalement à part et qui ressemble à une très courte nouvelle : la forme interroge. Thilliez justifie son choix par la volonté de narrer le processus créatif qui pourtant apporte plus de confusion et d’inconfort à la lecture que d’intérêt à la compréhension de son travail. Abstraction (difficilement) faite de la forme, nous nous retrouvons avec un très bon polar mais sans Franck Sharko : son héro récurent.
L’histoire démarre avec la disparition de Sarah Morgan sur la côte d’Opale, se poursuit en région grenobloise avec une course poursuite et un cadavre sans visage retrouvé dans le coffre d’une voiture volée. Il y a beaucoup d’interrogations sur la narration qui ne permettent pas de manière évidente au lecteur de s’approprier l’histoire. Pourtant tous les éléments d’un bon polar sont là : atmosphère, mystère, violence et soin apportés aux scènes de crime.
Deux intrigues distinctes tant par leur teneur que par leur situation géographique qui, on le sait, vont fatalement se recouper pour fusionner en une seule et grande enquête. Ça prendra une grosse partie de l’ouvrage à Thilliez pour relier l’histoire de la famille Morgan et les recherches de Vic Altran. Si du côté normand tout fleure bon le cliché, les isérois sont des personnages bien plus abruptes et intéressants.
Ce récit a été créé pour rendre compte du processus d’écriture chez un auteur de roman policier et pourtant c’est le livre le plus bancal que Thilliez ai pondu. Les ficelles sont très grosses, les personnages : sans consistance, le rythme : trop lent, l’intrigue : attendue et les criminels : peu inspirés. Le grand méchant se fait appeler Moriarty (hommage à Doyle) et clairement il ne reste que Vic Altran (un des flics grenoblois) pour colorer d’une jolie teinte ce polar décidément décevant qui tourne autour des souvenirs disparus.
« La maison anglo-normande marquait, quelque part, la fin de l'humanité et le début du règne de la nature. Ses seuls visiteurs se résumaient à une poignée de goélands ou de mouettes, perchés haut sur le toit en ardoise en permanence balayé par des vents chargés de sable. Sarah le détestait, ce sable, cette matière infecte qui s'incrustait dans le moindre interstice, fouettait les fenêtres, encrassait les voitures. »