Glacé. Bernard Minier

Publié le par Tactile

C’est au fond d’une vallée pyrénéenne, du côté de Saint-Martin-de-Comminges que l’histoire prend son décor. Tout commence avec l’affreuse mise en scène du cadavre d’un étalon de course, suspendu en haut d’une station hydroélectrique. Aussi spectaculaire qu’improbable, cette première vision a de quoi glacer le sang du lecteur. Ce cheval étripé est celui d’un sulfureux milliardaire, Eric Lombard ; aussi les moyens sont-ils mis pour trouver les coupables. Un flic de Toulouse est dépêché, il s’appelle Servaz et sera un des narrateurs de cette enquête.

En parallèle, une jeune psychiatre suisse du nom de Diane Berg, prend ses fonctions à l’institut Wargnier juché au fond de cette même vallée, à proximité de Saint-Martin-de-Comminges. La spécialité de cet institut est d’accueillir les tueurs en série les plus effroyables d’Europe, ceux pour qui la prison ou l’hôpital psy sont inadaptés. Ce lieu est sans aucun doute le fantasme ultime de tout écrivain de polar. Diane est présentée comme un personnage secondaire dont le destin va se retrouver lié à l’enquête de Servaz.

Sous la direction de Cathy d’Humières, le flic toulousain va faire équipe avec une jeune et belle gendarmette locale : Irène Ziegler. Les grands moyens sont mis en œuvre pour découvrir le meurtrier du cheval de Eric Lombard. Du côté de l’institut, le Docteur Xavier offre un accueil glacial à Diane et la met en garde contre les dangereux psychopathes qui emplissent ce lieu austère. Le reste de l’équipe est tout aussi inamical et la jeune psychiatre se retrouve dans un univers angoissant.

Survient alors un second meurtre, celui d’un homme retrouvé pendu sous un pont, nu avec ses bottes et sa cape de pluie bientôt suivi d’un troisième meurtre presque vécu en direct par Servaz. C’est encore une pendaison. Les enquêteurs s’efforcent de recoller les morceaux avec une nouvelle aide : Saint-Cyr, un ancien magistrat ayant travaillé tout sa vie dans cette vallée. Des pistes étranges apparaissent sans tisser de lien logique. On retrouve sur les scènes de crime l’ADN de Julian Hirtmann, un sérial killer particulièrement intelligent qui est enfermé à l’institut Wargnier. Le maire du village est également intriguant tout comme l’infirmière en chef de l’institut et il faudra à Servaz utiliser toutes ses ressources pour démêler cette histoire à tiroirs.

Credo quia absurdum qui veut dire en latin « je crois parce que c’est absurde », pourrait très bien résumer ce livre qui utilise tout un tas, trop, de formules latines pour donner du corps au récit mais qui se noie sous la répétition ad nauseam du mot glacé (oui moi aussi je peux faire du latin). L’enquête pourrait être intéressante avec des personnages qui le seraient, du rythme, des punchlines ou des descriptions captivantes : il n’en n’est rien et l’auteur nous prive de réponses aux éléments qu’il a jeté dans l’enquête pour apporter du piment. Une recette colorée mais sans saveur.

« Tiens, si tu avais le choix au moment des élections entre trois candidats : le premier à moitié paralysé par la polio, souffrant d'hypertension, d'anémie et de nombreuses autres pathologies lourdes, menteur à l'occasion, consultant une astrologue, trompant sa femme, fumant des cigarettes à la chaîne et buvant trop de martinis ; le deuxième obèse, ayant déjà perdu trois élections, fait une dépression et deux crises cardiaques, fumant des cigares et s'imbibant le soir au champagne, au porto, au cognac et au whisky avant de prendre deux somnifères ; le troisième enfin un héros de guerre décoré, respectant les femmes, aimant les animaux, ne buvant qu'une bière de temps en temps et ne fumant pas, lequel choisirais-tu ?

Servaz sourit.
— Je suppose que vous vous attendez à ce que je réponde le troisième ?
— Eh bien bravo, tu viens de rejeter Roosevelt et Churchill et d'élire Adolf Hitler. Tu vois : les choses ne sont jamais ce qu'elles paraissent.

Servaz éclata de rire. Décidément, le juge lui plaisait. Un homme difficile à prendre en défaut et qui avait les idées aussi claires que le torrent qui coulait devant son moulin. »

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