Notes of a Dirty Old Man. Charles Bukowski
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C’est John Bryan, rédac chef de l’hebdomadaire OPEN CITY qui demande à Charles Bukowski de produire un court récit toutes les semaines. Buk accepte et ce livre est en le recueil, publié sous le titre Journal d’un vieux dégueulasse en français. Libre de contraintes, l’auteur produit des petites nouvelles désobligeantes et provocantes pour le public de l’époque néanmoins très drôles.
“ we sit down. a quart of scotch appears. I pour a quarter of a pint down without pause, ah, I gag, blink, idiot, working toward 50, still trying to play Hero. asshole hero in a fusillade of puke. “
Sa production est gigantesque car elle découle de sa propre existence qui est à peine travestie. Si parfois le flou entre la réalité et la fiction se présente, tout étant possible avec Hank, cela donne une sorte de jeu entre l’écrivain et son public. De toute manière l’écriture y est sincère et chaque cuite ou coup dur sent le vécu.
“ (by the way ... I realize I switch from present to past tense, and if you don't like it ... ram a nipple up your scrotum. - printer: leave this in.) ”
Cette série de nouvelles sans lien logique traite de plein de sujets différents : arts, littérature, politique, guerre, amours, femmes, alcools, jobs, baseball, paris hippiques, low class artists, argent et dèche… Ses histoires sont crues car incroyablement incroyables.
“ I found a bar around the corner and sipped at beers all day. my money was going but, as usual, I hated to look for a job. each drunken and starvation moment contained some type of easy meaning for me.”
Bukowski fait preuve d’un sens aigu de l’observation, il décrit ce qui l’entoure sans juger, sans vanter. Son cynisme est honnête et il use de la critique ce qui permet de se faire une opinion sur l’environnement social de son époque tout en admirant l’auto-dérision avec laquelle il se dépeint.
“ - how come we agree on almost everything? - that's why we're friends, I guess. that's what friendship means: sharing the prejudice of experience.”
Pour bien apprécier Bukowski en VO, il faut le lire à haute voix. C’est à l’oreille que se révèle la poésie de sa prose. Les mots riment lorsque son auteur trinque et si la forme fictionnelle met moins en avant son talent, le choix exigeant des mots simples relate d’un travail évident qui rend hommage à ses recueils de poésie antérieurs.
“I think of Jimmy Davenport. christ what a vain terrible little shit he was, but the ladies just loved him. a horrible monster of a person. after he finished screwing them he used to go to their refrigerators and piss onto the open bowls of salad and into the cartons of milk, anywhere he could. he thought it was very funny. then she'd come out and sit down, her eyes just mushrooming with love for the bastard.”
Charles has lasting qualities. Dans une de ses nouvelles, alors qu’il critique la littérature contemporaine et qu’il trouve des qualités chez certains auteurs, il remarque que la temporalité d’un récit en fait un œuvre péremptoire vouée à mal vieillir. Tout l’inverse de ses histoires qui ont certes une datation temporelle mais n’y sont pas ancrées. Il suffirait de changer quelques mots décors pour en faire des récits contemporains car elles ont des lasting qualities.
“ Soul has no skin; the soul only has insides that want to SING, finally, can't you hear it, brothers? softly, can't you hear it, brothers? a hot piece of ass and a new Cadillac ain't going to solve a god-damned thing. ”
Le style de ce recueil est brut et il se retrouve dans la mise en forme. Ici, Buk se refuse à l’usage des majuscules. C’est malin, ça requiert d’être concentré sur chaque séquence qui prend alors forme avec puissance. Cette uniformisation par les minuscules ramène chaque mot à sa valeur juste, sans emphase. Original et créatif, comme le reste de son œuvre.
“ I had won drinking contests all through the city with some of the toughest drinkers of the time, free booze and pick up the chips. I don't know why it took so much to knock me out. it might have been my extreme anger or sorrow, or it might have been a part of the brain-soul missing. probably both are true.”