Flash ou le grand voyage. Charles Duchaussois

Publié le par Tactile

L’histoire de Charles Duchaussois débute par un éclat d’obus en 1940. Un éclat mal soigné qui va le rendre borgne. Borgne donc différent. Iconoclaste à l’insu de son plein gré, il grandit à part des autres jeunes et quand il cherche à s’intégrer, la société le rejette à cause de son handicap. Charles est un jeune homme brillant, curieux et aventurier alors il décide de braver tous les interdits en se mettant à défier le système.

« Aussi loin que je remonte dans mes souvenirs, je suis à part. Sarcasmes des uns et bontés exaspérantes des autres me font accumuler une solide méfiance envers mon prochain. Et l'envie me vient, sans cesse grandissante, de ne rien faire comme les autres, puisque je ne suis pas comme les autres. »

Pourtant séduisant, pourtant populaire, Duchaussois décide de mener une vie sur la tangente, ce qui le conduit inévitablement en incarcération. Sorti de prison à Marseille il décide de prendre le large direct l’orient. A Beyrouth il trafiquera du cannabis, participant même à la récolte du kif dans les montagnes. Il part en catastrophe pour Istanbul où il tombera pleinement dans le haschisch et la culture hippie. La suite du voyage l’emmène à Bagdad puis au Koweit où il côtoie la haute société des expats et gère un club-discothèque.

« C'est une chose d'ailleurs que je remarquerai tout au long de mon voyage au bout de la drogue. Jamais dans un groupe on ne refuse de la drogue à quelqu'un. Tout est en commun. Qui en a, en donne. Qui n'en a pas, en prend. C'est la fraternité la plus totale. »

De Koweit à Bombay puis Benarès, c’est vraiment en Inde qu’il s’essaiera aux drogues dures : méthédrine, opium, morphine. Pour subventionner son mode de vie, Duchaussois est un habile roublard : toujours en quête « d’un coup », d’une arnaque, d’un vol, d’une pigeonnade. S’il s’intègre bien chez les hippies il ne deviendra jamais l’un des leurs, il reste différent en toute chose et se distingue des autres étrangers partout où il passe.

« Comme toujours, quand il y a un coup à faire que personne n'a fait, c'est plus fort que moi, ça me démange, il faut que je plonge dedans ! Je ne changerai jamais là-dessus. Et j'y laisserai ma peau un jour. »

Alors qu’il se dirigeait vers la Malaysie et la suite de son tour du monde, il décide de suivre une femme (Agathe) dont il est amoureux. Elle le quittera et lui sombrera plus loin dans la drogue. Désormais Charles s’injecte ses poisons jusqu’à en dépérir. Il n’est plus qu’une loque cherchant à mettre fin à ses jours lorsqu’on le retrouve errant dans les montagnes autour de la capitale népalaise. Pourtant son corps ne le lâche pas, il est juste un junkie en perdition que la vie ne veut quitter.

« Ah ! la fameuse soirée ! Nous nous égaillons partout dans les jardins, nous dansons, nous buvons, nous fumons, nous sommes ivres de vin, de haschisch et de ganja. Quel bonheur ! Quelle revanche pour les gens de la route, si souvent injuriés et rejetés ! »

C’est après une année et de retour à Paris que Duchaussois enregistre ses témoignages qui formeront un livre. Les histoires sont épiques, le style un peu moins. Avec beaucoup d’honnêteté il se livre et cherche à tout expliquer pour comprendre lui-même et nous éviter les écueils par lesquels il est passé. Ce livre est un rêve dirigé, une plânerie orientale colorée aux hallucinations synaptiques.

« Il n'y a que la piqûre — la piquouze, le shoot, ou le fixe — qui donne le flash.
Voilà pourquoi tout vrai drogué, un jour ou l'autre, en arrive fatalement à la piqûre.
Et devient un junkie.
Un Dieu.
Ou une loque.

Au choix. »

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