La cité des marges. William Boyle

Publié le par Tactile

Ce roman new-yorkais de William Boyle n’est pas vraiment un polar bien qu’il y ait des crimes et des questions en suspens. En effet, l’histoire ressemble plus à une pièce de théâtre à la Chester Himes sauf qu’à la place de Harlem avec la communauté afro-américaine c’est Brooklyn et ses italo-américains. Boyle aborde la mafia, les flics corrompus et les intrications amoureuses façon spaghetti-bolo. Le livre commence avec un personnage clef : Donnie Parascandolo, un flic ripou et alcoolique qui brutalise le jeune Mickey Baldini à la batte avant d’aller descendre son géniteur.

« — Réfléchissez, dit Giuseppe. Vous êtes des flics, non ? Vous êtes censés protéger les gens comme moi.
— C'est mal nous connaître, rétorque Donnie. »

Découpé en trois séquences temporelles (ou actes ?), la plume de Boyle (ou la caméra ?), suit un personnage différent par chapitre. Avec une parité exemplaire, l’auteur donne de l’importance à chacun de ses personnages et les traite d’égale manière, presque objectivement et sans jugement. Tous sont habités de leurs doutes, de leurs élans de courage ou d’amour ; suscitent l’empathie ou bien nous entraînent avec leurs démons. On les voit évoluer dans le temps et dans leurs vies sur une période de 3 années.

« Il y a beaucoup de quelque chose entre nos histoires.
— Synchronisme ?
— Peut-être. Ça sonne juste. Qu'est-ce que ça veut dire ?
— J'ai suivi des cours de psychologie à la fac. En gros, ça veut dire que les coïncidences peuvent avoir du sens. Les choses se répondent entre elles, tu vois? Je crois que c'est ça que ça veut dire. Que ce n'est pas purement le hasard. »

Le fil des narrations tisse une trame d’histoire qui prend corps pour donner un ensemble harmonieux, coloré et qui invite à la lecture. Le choix des mots tombe juste, c’est de la lecture prêt-à-porter où rien n’est superflu. On se laisse guider dans un labyrinthe où l’histoire est un prétexte à la découverte d’une communauté que l’on a tendance à fantasmer (les italo-américains) et qui, au final, s’avère être tout ce qu’il y a de plus commun : amours, argent, trahisons et violence. Si le style littéraire est tout à fait agréable, Boyle ferait tout de même un excellent scénariste.

« Depuis, Phil a rasé son crâne dégarni et s'est un peu empâté. Sa peau a un bronzage floridien et on dirait qu'il a mis du brillant sur ses lèvres. Quant à sa tenue, elle est pour le moins ringarde : une chemise à fleurs, un pantalon en lin, des sandales de moine. Il a l'air de débarquer d'une croisière pour connards. »

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