L’ombre de ce que nous avons été. Luis Sepùlveda

Publié le par Tactile

images.duckduckgo.comSantiago, nuit noire de pluie. Dans le local « Arancibia hermanos » deux vieux attendent la venue de leurs compères en ressassant les histoires de leur jeunesse. Un homme pousse la porte d’une échoppe : Poulet non-stop, le propriétaire n’affectionne pas particulièrement les volatiles, le client non plus. S’engage une conversation autour d’une bouteille de vin sur la vie, l’exil, les femmes. Dans une autre rue, un personnage austère à l’air décidé se fait assommer par un antique tourne-disque jeté du troisième étage, le projectile l’atteint, il vacille, s’écroule. Le Spécialiste est mort. Dans l’appartement à la fenêtre désormais brisée, un couple s’engueule ; l’immaturité de monsieur aurait insupporté madame. Plus loin, à l’ancienne prison de Santiago, rénovée en commissariat un vieil inspecteur avec sa jeune adjointe sont appelés à résoudre l’homicide.

Chaque chapitre se raconte à travers un personnage et rapidement on découvre que tous sont liés. La trame de fond est sepùlvedienne : communisme, révolution, anarchisme, exil,… L’auteur aime nous parler de ses héros, ceux vers lesquels son grand-père l’a entraîné : les combattants, les résistants à la dictature de Pinochet, les révoltés, les déportés, les torturés, les disparus. Rendant hommage à ces héros du Chili moderne, Sepùlveda nous raconte l’histoire politique récente à travers ces vieux anarchiques prêts à reprendre du service en cette nuit pluvieuse.

L’écriture est franche, sans détours ; savamment enrobée dans des anecdotes plus légères produisant un récit équilibré et rythmé. L’auteur agrémente son histoire de citations, de faits historiques et d’histoires d’hommes. Si parfois on peut regretter la superficialité des personnages, là n’est point le but de l’histoire. Sepùlveda est un poète, un militant et c’est bien pour ça qu’on le lit.

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