Sans jamais atteindre le sommet. Paolo Cognetti

« J’ai fini par y aller vraiment, dans l’Himalaya. Non pour escalader les sommets, comme j’en rêvais enfant, mais pour explorer les vallées. Je voulais voir si, quelque part sur terre, il existait encore une montagne intègre, la voir de mes yeux avant qu’elle ne disparaisse. »

Paolo Cognetti est un montagnard de naissance qui n’a jamais trop su s’éloigner des monolithes de granit et autres pics ceints de neiges éternelles. Les montagnes sont le décorum de ses romans et pourtant Paolo souffre du mal d’altitude qui lui interdit l’alpinisme. Pas de sommets d’accord mais rien ne peut lui dérober son amour pour la montagne. Ce récit, nous mène au Népal dans le Dolpo, une région délaissée par les touristes, loin des arrêtes iconiques et sur-fréquentées de l’Himalaya. On surnomme cette région : le petit Tibet car il fut longtemps un haut lieu de la culture bouddhiste.

Pour cette aventure autobiographique, Cognetti embarque une paire d’amis italiens (Remigio, Nicola,…) et un livre culte : Le léopard des neiges de Peter Matthiessen. (Petite disgression, ce livre me fait penser à La Panthère des Neiges de Tesson). Cognetti et ses compagnons embarquent pour le Népal où il rejoignent leurs guides (Sete, Lakba,…) pour un trek de 300km dans le Dolpo où les attendent plusieurs cols à plus de 5000m d’altitude. Ils ne graviront aucun sommet et pourtant leurs corps seront mis à l’épreuve.

Cognetti rédige un récit simple, dénué d’artifices mais joliment illustré de quelques croquis au stylo représentant les paysages du Dolpo. Beaucoup de temples et de lieux de culte jalonnent leur chemin. Les longues journées de marche dans un décors qui devient monotone sont prétexte à l’introspection et au vide. Parfois, les soirs sont ponctués de discussions enflammées avec l’un de ses compagnons de route mais c’est avant tout le dénuement qui habille ce récit. La quête est de trouver une chaîne de montagne préservée du surtourisme, le Dolpo remplit à merveille son rôle.