La pluie de néon. James Lee Burke

Publié le par Tactile

Voici la première enquête d’une série avec Dave Robicheaux pour protagoniste que l’on retrouve dans une dizaine d’autres romans de James Lee Burke. La Louisiane pour toile de fond, le bayou comme scène mystique et Bourbon Street à la Nouvelle-Orléans pour la trame « civilisée » : ce roman est empreint de culture cajun. Parfumée d’épices dans la moiteur du sud tropical, l’histoire vibre de regards noirs sur une mélopée de jazz enivrée aux relents de whisky. Dave Robicheaux est inspecteur à la crim’, ancien GI au Vietnam, ancien alcoolo et incorruptible à la mandale facile.

« Mes cheveux comme ma moustache en brosse étaient toujours d'un noir d'encre, hormis la mèche blanche au-dessus de l'oreille, et chaque nouveau matin, je parvenais à me convaincre que le fait de vivre seul n'était pas plus un signe de l'âge et de l'échec que de la jeunesse et de la réussite. Les nuages d'un mauve sombre qui s'empilaient sur l'horizon sud du Golfe tremblaient d'éclairs de chaleur. »

Dave et son partenaire Clete entrent en piste avec la découverte du cadavre d’une jeune fille noire trouvé dans le bayou. Si tout laisse à penser à un suicide, les deux flics vont aller secouer des criminels par paquets de douze pour prouver le contraire et démêler une enquête à plusieurs couches. Au pénitencier, Massina, un condamné qui va passer à la chaise électrique confie à Dave que des huiles (colombiens) veulent le flinguer. Avec l’aval de Guidry, leur capitaine, les deux flics partent en chasse.

« Les lampadaires illuminaient les arbres brumeux qui s'alignaient sur l'esplanade de St Charles ; les rails brunis et le vieux tramway vert luisaient de reflets assourdis sous la lumière humide, et les enseignes au néon tout embrumées, les fenêtres éclairées, zébrées de coulures de pluie, des restaurants et du drugstore en coin donnaient l'impression de sortir droit d'une peinture nocturne des années quarante. »

« When the shit hits the fan… ». À bien à remuer la merde, ça finit toujours par retomber par morceaux. Des morceaux il y en aura. Des bouts de corps, des faces de mafieux, de l’hémoglobine bien sûr ; puis des trahisons et toutes sortes d’excès quand Robicheaux replonge dans l’alcool. Annie, la nouvelle copine de Dave n’a pas froid aux yeux mais à traîner trop près de cet anti-héros, les coups bas pleuvent et les dommages collatéraux sont terribles.

« Puis ils sortirent par la porte d'entrée pour s'enfoncer dans l'obscurité, pareils à trois harlequins macabres qui seraient venus rendre visite à l'improviste au monde paisible des gens ordinaires, armés de battes de base-ball. »

Burke est un peintre-écrivain : ses histoires sont colorées et immersives tandis que sa prose douce contraste violement avec les scènes d’action. Le rythme est varié, le mot tombe pile et sur la face du lecteur qui se retrouve toujours surprit.

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