Une vie à coucher dehors. Sylvain Tesson

Publié le par Tactile

Quinze petites nouvelles composent ce recueil signé Tesson. Chaque récit est un voyage dans une nature époustouflante qui sert de décors et de pénitence. Des lieux magnifiques et spectaculaires dont on ne ressort pas indemne, voire pas du tout …

« Edolfius trouva superbe cette glaçure noire qui fumait dans la froidure. L'odeur du goudron brûlant macéré dans les seaux de bois le galvanisait. Le fumet du progrès avait un goût de chair brûlée. »

Sibérie, Ecosse, Géorgie, Cyclades, Mer, île du Pacifique, … ces lieux grandioses sont autant de pièges pour la bête humaine en proie à ses démons, espoirs ou désirs. Chaque histoire est comme une prophétie qui se termine mal.

« Bustan était gentil avec elle, ce qui détonnait dans le merdier postsoviétique, où les mecs ne s'intéressent qu'à la chatte des filles et leur parlent comme à des chiens. »

Sans pour autant dicter une morale à la manière de Lafontaine, Tesson termine ses contes avec tragédie et cette dernière est souvent instructrice tant il nous fait réfléchir sur le rapport de l’homme à la nature et au temps.

« Piotr avait un chien pour n'être pas seul, un fusil pour n'avoir pas faim, une hache pour n'avoir pas froid. Ce jour-là, il caressa le premier, graissa le second, aiguisa la troisième. La vie n'est pas compliquée quand on a tiré le rideau de la forêt sur toute ambition. »

Comme d’habitude avec Tesson, l’écriture est savoureuse, les mots bien choisis et les formules efficaces. Ce maniement de la langue française est exquis. L’ensemble, enfin libéré des habituelles bibliographies et citations à rallonge de l’auteur, se présente comme un délicieux hors d’œuvre.

« Ils tenaient leur verre à bout de bras et le gros disque blanc se déformait dans le whisky. La lune montait de l'est chaque soir, se juchait sur les houppiers et rôdait lentement dans la nuit. Elle ouvrait sur la mer une balafre d'argent. »

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article